La décadanse

Derborence

Galpon

"Derborence, le mot chante doux ; il vous chante doux et un peu triste dans la tête. Il commence par un son assez dur et marqué, puis hésite et retombe, pendant qu’on se le chante encore, Derborence, et finit à vide ; comme s’il voulait signifier par là la ruine, l’isolement, l’oubli.
Car la désolation est maintenant sur les lieux qu’il désigne."
Derborence, C.-F. Ramuz.

DERBORENCE cite des faits réels : un éboulement gigantesque sur un alpage qui ensevelit tous les hommes et toutes les bêtes du village. Un éboulement comme il y en a eu des centaines en Valais, et comme il y en aura encore beaucoup. Un homme, Antoine, émerge des éboulis deux mois après la catastrophe. Il a survécu en buvant l’eau qui suintait entre les pierres, et en grignotant le pain noir, enseveli avec lui. Il retrouve son village. Sa femme. Il est le seul survivant, ahuri par des jours sous terre, displaced, parce que ressorti du royaume des morts, de sous la terre. Retourné au milieu des vivants, sous le ciel.
La vie reprend son cours. Le village a payé son tribut à la nature. De leur vivant, elle ne recommencera pas. Fatalisme… légèreté, sérénité, sagesse d’un village qu’une relation à une nature puissante, hostile, rassemble, ressemble.
Il y a quelque chose de la tragédie dans ces événements. Quelque chose d’une tragédie moderne sans dieu(x), ni héros de haute lignée, mais des gens simples confrontés à une nature qui les surpassent. Si les paysans de DERBORENCE se racontent que les enfants du Diable jouent aux quilles dans les montagnes et provoquent ainsi les avalanches, cette explication ne prend jamais d’importance mythologique dans le roman de Ramuz. C’est la montagne, et elle seule, sans cause et sans volonté, qui est tombée. Nature puissante, transcendante, influant sur le sort des hommes en Valais, comme partout, sa domination apparait comme allant de soi, comme une donnée qu’il s’agit de ne pas oublier, sans qu’il s’agisse de punir orgueil ou blasphème. Transcendance impersonnelle, tragédie qui ne fait que nous ramener à une certaine modestie : c’est ainsi, c’est notre condition ; continuons, recommençons, mais prenons garde.
mufuthe.ch

Mise en scène Mathieu Bertholet
Assistanat à la m-e-s Maya Boquet
Dramaturgie Julie Rossello-Rochet
Scénographie Sylvie Kleiber
Costumes Anna Van Brée
Son Quentin Dumay
Lumières Frédéric Lombard (à confirmer)
Jeu Rébecca Balestra,Léonard Bertholet,Baptiste Morisod,Fred Jacot-Guillarmod,Julien Jacquérioz,Simon Jouannot,Lenka Luptakova,Louka Petit-Taborelli,Agathe Hazard-Raboud,Nora Steinig

Soutiens
MuFuThe bénéficie d’une résidence de 3 ans au Théâtre du Crochetan à Monthey, soutenue par ThéâtrePro Valais.

Le spectacle est soutenu par ThéâtrePro Valais, la Ville de Sion, la Fondation de Famille Sandoz, la Fondation Ernst Goehner, Pro Helvetia – fondation suisse pour la culture, l’Etat du Valais, la Loterie Romande, Corodis.

Partenariats
MuFuThe, Théâtre Vidy-Lausanne, Pourcent culturel Migros
20:00 – 22:00
PT 22F | TR 15F et 10F | 20 ans/20francs 10FF
Signaler une erreur Ajouté par galpon le 30 avril 2015