La décadanse

Arsenic et vieilles dentelles

Deux vieilles demoiselles au cœur charitable, charmantes et admirées de tous, mènent une vie apparemment sans reproche dans leur pavillon de banlieue à Brooklyn, près de New York, pendant la grande dépression économique des années 1930. Tout le monde les aime, du pasteur de la paroisse aux policiers du commissariat du quartier et jusqu’au juge de la ville qui les admire et les respecte plus que tout.

C’est ainsi que sur fond de misère, chômage et menace de guerre en Europe (le parti Nazi est au pouvoir en Allemagne), on découvre assez vite que les deux vieilles dames sont complètement folles, d’une folie héréditaire, et qu’elles empoisonnent avec un cocktail redoutable d’arsenic et de cyanure de potassium, des hommes seuls et abandonnés, sans perspective d’avenir, pour soi-disant les aider à quitter cette vie trop dure et à passer dans un monde meilleur.

C’est au milieu de cette situation loufoque qu’un jeune homme (le neveu des deux vieilles demoiselles) et une jeune femme (la fille du pasteur de la paroisse) s’aiment et veulent se marier. Un mariage qui aura bien du mal à se concrétiser, tant le diable s’acharne à créer des quiproquos et des embrouillaminis qui les éloignent l’un de l’autre. Mais bien entendu, l’amour et la sagesse triompheront de la folie.

Dans cette comédie d’apparence légère, on assiste à la fois à une désespérance totale symbolisée par l’absurdité de cet univers bourgeois dans lequel tout le monde ou presque est fou ou aveugle, et à un avenir d’espoir symbolisé par le couple des deux jeunes gens qui, contrairement aux conventions sociales de l’époque, tiennent à se marier au plus vite, dès demain si possible.

Nous tenterons de montrer que la folie des deux vieilles demoiselles – qui tuent en toute bonne foi pour soi-disant libérer des pauvres de la misère – n’est pas sans rappeler, ou au moins évoquer la folie des nazis qui voulaient eux aussi en toute bonne conscience supprimer les juifs, tsiganes, homosexuels, communistes et autres pour débarrasser la société de parasites nuisibles. L’auteur qui était lui-même juif, n’a certainement pas écrit cette pièce sans arrière une pensée métaphorique de la situation historique de l’époque.
17:00 – 19:00
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Signaler une erreur Ajouté par Skblllz le 15 février 2015