La décadanse

Vernissage de l'exposition DREAMLAND de Cecile Mella

Galerie librairie FOCALE

  • Place du Château 4 - Genève
DREAMLAND
Cecile Mella

Du 27 avril au 8 juin 2014
Vernissage le samedi 26 avril dès 17h30 en présence de la photographe

« Dans le mélange du vrai et du faux, le vrai fait ressortir le faux et le faux empêche de croire au vrai. » Notes sur le cinématographe, Robert Bresson.
Dreamland rassemble deux séries photographiques prises sur des tournages de publicités et longs métrages réalisés au Cap, à Buenos Aires et à Montpellier.
Ces créations audio-visuelles, en grande majorité financées par des investisseurs étrangers pour un public étranger, se servent en fin de compte des environs comme d’un arrière plan qu’ils modèlent à leur goût ; le taux de change avantageux, les incitations économiques déployées par la région, le climat ensoleillé et la diversité des paysages valant le déplacement d’un territoire à l’autre. Fascinée par les transformations de ces espaces le temps d’un tournage, la photographe propose des images où demeure le doute : est-ce un décor ou la ville elle-même ? Sommes-nous en Afrique du Sud, en Argentine, dans un Paris carton-pâte ou ailleurs dans un monde onirique ? Est-ce une mise en scène ou un instant de la vie quotidienne ?

La première série est constituée d’images décalées de paysages détournés. Les clichés (des plateaux eux-mêmes, mais aussi des coulisses) reflètent l’artifice attrayant de l’univers de la production audio-visuelle, la création soignée d’un autre lieu donné. L’ensemble, outrancièrement coloré, se donne à voir comme un décor « bigger than life ». Mais l’oeil du lecteur attentif reconnaîtra des détails significatifs, un immeuble ou une montagne distinctifs, l’ incursion du monde des coulisses dans le cadre prédéfini du plateau que devient la rue. Par là, en ricochet, il s’agit de mettre à jour comment l’industrie du divertissement semi-colonise des tranches de villes. Et d’amorcer une réflexion sur la nature et la fonction de ces images culturelles constituées : quel type de récit pour séduire qui ?

La deuxième série dégage une perspective oblique sur le même sujet en présentant les figurants
croisés sur ces plateaux. Ils sont mannequins, comédiens, étudiants, retraités, avocats ou mécaniciens et deviennent d’un jour à l’autre sirènes, pères Noël, hippies, paparazzis, flics ou prisonniers; pour l’expérience ou le cachet. Dans la vraie vie, ils sont parfois reconnus dans la rue par des touristes qui se souviennent de leur visage sur des panneaux publicitaires de taille démesurée, les intégrant ainsi à culture populaire d’un pays qu’ils ne visiteront sûrement jamais. Le travail joue de la friction entre la réalité et la fiction au sein d’un lieu donné. Cécile Mella sert une autre intention que la caméra commanditant le tournage et subvertit le récit pour voir combien «l’homme aime les signes, et il les aime clairs » (L’obvie et l’obtus, Roland Barthes).

BIOGRAPHIE
Cécile Mella (1983, Montpellier) est diplômée d’un Master en photo-journalisme de l’université
de Westminster. Photographe indépendante, elle travaille d’abord à Londres puis au Cap et maintenant à Montpellier. Son travail a été exposé au festival Bonani (Afrique du Sud), Noorderlicht (Pays-Bas), aux Boutographies (Montpellier) et au festival Off-Sète (Images Singulières, Sète). Attirée par les sujets d’ordre socio-culturels, elle travaille parallèlement sur deux autres projets personnels : l’un autour du thème des grandes écoles françaises, et l’autre photographiant les fêtes de village estivales dans sa région.
17:30 – 21:00
entrée libre
Signaler une erreur Ajouté par focale le 18 avril 2014