La décadanse

Livres Uniques de Thomas Perrodin & Capsule-s

Thomas Perrodin "Livres Uniques"
Capsule 1.12 Delphine Renault, 2014 (création)
Capsule 2.12 Denis Savary "Brûlis", 2012 (collection du FCAC, SCC, DIP Genève)

Du 14 au 30 mars
Vernissage: jeudi 13 mars à 18h00

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Livres Uniques

Véritable travail performatif, Livres Uniques dissèque le processus de la sérigraphie, au centre du travail de Thomas Perrodin depuis plusieurs années. Composant une narration abstraite, les deux cent dix livres qui forment l’œuvre relatent le geste de l’imprimeur – du choix du papier, des couleurs et du format au passage de la racle sur le cadre, de l’infiltration de l’encre à travers les mailles au mélange de la matière sur l’écran. Avec une disposition proche de l’installation in situ – cinq séries de quarante-deux ouvrages tous singuliers et adaptés aux dimensions des tables d’exposition de Halle Nord –, Thomas Perrodin suggère cinq approches distinctes de la sérigraphie à partir de la même matière, du même objet-livre, sortes de fondus enchaînés chromatiques virant à l’épuisement. Confrontation brutale ou apaisée, rapport de ton et d’illusion, traces de la racle et de l’impression, la stricte bichromie des pages révèle toutes les nuances de ses mélanges.

Ayant exploré sans relâche les possibilités graphiques de l’affiche, objet de commande narratif par définition, Thomas Perrodin s’affranchit de l’illustration pour mieux s’imposer d’autres contraintes. Exercice, performance, ou images d’un processus, Livres Uniques pose le paradoxe du basculement du domaine de l’édition vers le monde de l’art. La nouvelle liberté que l’œuvre représente est aussitôt entravée par l’inflexibilité du format, la limite des matériaux et le recours à la série. Photographie du temps de l’impression, Livres uniques évoque aussi la sculpture par son rapport physique à l’espace et sa forte plasticité. Les feuillets simples de vingt pages et la reliure double par agrafe renvoient au DIY, au monde du fanzinat cher à Thomas Perrodin.

Livres Uniques nous rend témoins d’une force de Coriolis en action, à travers l’histoire d’une émancipation qui tourne court – jusqu’à l’enfermement physique, le labeur dans l’atelier –, qui plus que jamais aspire Thomas Perrodin vers le cœur de son obsession pour l’édition, dévoilant des facettes inexplorées de l’objet imprimé.

Camille Abele, 2014

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14:00 – 18:00
entrée libre
Signaler une erreur Ajouté par Halle Nord - Art en Île le 5 mars 2014