La décadanse

POOR FOLK

Spoutnik

POOR FOLK
Midi Z - Taïwan/Birmanie - 2012 - 105 min - VOSTANG - DCP

"Even though we are poor and suffered, the fact that POOR FOLK, Tolstoy's short story, depicted the poor who are poorer than us has made us feel much more optimistic." Midi Z

Nous semblons dans un autre monde, dans un autre temps, coincés 50 ans en arrière, pourtant ce n'est pas le cas. De la Birmanie (Myanmar), pays à dictature militaire, pays du Triangle d'or, peu de mots sortent, peu de cinéma. Pour sûr. Pas de liberté de la presse non plus.
Pourtant, Midi Z, jeune réalisateur birman signe ici son deuxième long métrage. Ses films sont uniques, précieux, d'une simplicité effarante et d'une richesse incroyable.

Trois millions de Birmans vivent illégalement en Thaïlande pour fuir des conditions de vie intolérables, aux mains d'un gouvernement autoritaire qui cherche à détruire sa population, notamment rurale. Des dizaines de milliers de migrants traversent la frontière chaque année pour se rendre à Dagudi, ville de passage du nord de la Thaïlande, vivier de déserteurs, dealers, prostituées et contrebandiers.

Dans POOR FOLK, A-Hong et son acolyte A-fu sont contraints de devenir arnaqueurs dans les rues de Bangkok. Profiter des touristes chinois, vendre des composants bruts d’amphétamines à des organisations souterraines : tout est justifiable pour réunir l’argent qui lui permettra de libérer sa sœur. Celle-ci a été enlevée avec le consentement de sa propre mère et a été livré à un réseau de prostitution.
En parallèle, San Mei, sa geôlière, elle aussi prise au piège, attend un visa taïwanais promis depuis des années par ses "employeurs"…

Réflexion initiée depuis RETURN TO BURMA (2011) jusqu'à son troisième long-métrage ICE POISON (Berlinale 2014), Midi Z continue à développer cette même thématique : l'amertume de la vie des citoyens d'une partie du tiers-monde.
Midi Z témoigne surtout d'une réalité qu'il connaît très bien et à laquelle son entourage est confronté quotidiennement. Rien n'est inventé, tout est pris de bribes du réel, et c'est ce qui rend ce film assez dingue : nous voyons ici ce que nous n'imaginons pas, ce dont on ne parle pas en Occident. Et puis "si un touriste va en Birmanie, il ne le verrait même pas", dixit Midi Z.

POOR FOLK assume une facture ultra-réaliste, aux limites du documentaire. Pourtant, pas de doute, c'est bien une fiction : fine, riche, pudique et évocatrice.
Tourné de façon clandestine (sans autorisation), en équipe ultra réduite (sans argent), ce film est une épreuve filmique engagée, qui agit comme dénonciation, comme témoignage, comme travail de mémoire et surtout comme révélateur.

Midi Z, né en 1982, a grandi en Birmanie, a pu partir étudier le chinois et les arts à Taïwan. Produits par Hou Hsiao-hsien, ses films courts et longs ont été largement sélectionnés dans les festivals de films internationaux.

Du 26 mars au 1er avril
Mer 26, jeu 27, ven 28, sam 29 - dim 30 à 18 et 20h - lun 31, mar 1 à 20h
20:00
12.- (Plein tarif) / 8.- (étudiant/AVS/Chômage) / 7.- (Membre du Spoutnik / 5.- (20 ans/20 Francs)
Signaler une erreur Ajouté par Cinéma Spoutnik le 28 février 2014