La décadanse

Cinéma itinérant : TAMBIEN LA LLUVIA

TAMBIEN LA LLUVIA

Icíar Bollaín,
Espagne/Mexique/France, 2011, 104min, VO esp/ST fr

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ENGAGEMENT • Deux cyclistes traversent la Suisse romande, transportant un kit solaire pour projeter des films engagés en plein air. Ecologique et solidaire, l’initiative séduit.

Dès mardi, un cinéma itinérant, écologique et solidaire sillonnera la Romandie. On doit cette initiative à l’ONG Helvetas, qui a délibérément choisi une formule divertissante pour toucher un large public et lui faire prendre conscience des conditions de vie dans certains pays du Sud. D’où la dénomination du projet: Cinéma Sud. Les projections auront lieu dans cinq villes francophones: Genève, Nyon, Bulle, Yverdon et Neuchâtel1.

Deux cyclistes, qui deviennent projectionnistes la nuit tombée, assurent le transport du matériel entre chaque étape, grâce à deux remorques. Passionnée de vélo et de cinéma, Marylaure Décurnex est l’une des deux personnes chargées de tracter le cinéma. «Pour aller d’une ville à l’autre, nous voyageons le matin et parcourons vingt à trente kilomètres nous-mêmes. Comme les charrettes sont assez lourdes, nous prenons le train pour les longues distances. Une fois arrivés, nous exposons des panneaux solaires à l’extérieur, et préparons les lieux en montant l’écran.»

Le dispositif permet de charger suffisamment les accus pour assurer deux projections. Cette précieuse réserve d’énergie permet de garantir la tenue de l’événement en cas de mauvais temps.

La séance de cinéma est gratuite – un chapeau tourne en fin de séance – et les participants sont simplement invités à prendre des sièges avec eux. «L’ambiance est très sympathique, décrit Marylaure Décurnex. Chaque soir est différent et les gens aiment rester un moment pour débattre du film.»

Trois films qui ouvrent les yeux

Deux œuvres seront présentés alternativement. La première, Tambien la Lluvia, de la réalisatrice Icìar Bollaìn, évoque l’histoire d’une équipe de tournage d’un film prise dans la lutte contre la privatisation de l’eau potable en Bolivie. Le second film, TGV, du Sénégalais Moussa Touré, emmène le spectateur sur la route reliant Dakar à Conakry. Cette comédie satirique dresse une série de portraits, prétexte pour aborder les thématiques de l’émancipation des femmes et des rapports de force entre les jeunes et les tenants du pouvoir traditionnel.

A Genève, la «projection de l’aube» proposera un troisième film, diffusé peu après 4 h du matin. Intitulé El baño del Papa, il relate comment un contrebandier, à la suite de l’annonce de la visite du Pape en Uruguay, décide de construire des toilettes payantes pour l’occasion.

Travail de sensibilisation

Ces projections permettent à l’organisation de coopération internationale Helvetas de changer son mode de communication habituel. Marie Schaffer-Wyler, responsable de Cinéma Sud, s’en explique: «Notre travail consiste à aider les pays qui en ont besoin, mais aussi de sensibiliser le public quant aux situations critiques auxquelles sont confrontés nos partenaires. Le manque d’accès à l’eau potable ou aux sanitaires et les conséquences du changement climatique sont des sujets graves. Avec ce cinéma ambulant, on fait passer un message important tout en offrant un cadre jovial et positif.»

Cinéma Sud est porté par des personnes débordant d’enthousiasme, avides de partager leur savoir et leurs idéaux. D’ailleurs leur idée pourrait bien essaimer. «Lors de notre trajet, une famille originaire du Maroc nous a posé beaucoup de questions, raconte Marylaure Décurnex. Ils se sont montrés extrêmement intéressés par notre démarche et voulaient reproduire la même chose dans leur pays.» Laura Drompt

www.lecourrier.ch
21:00 – 22:34
gratuit
Signaler une erreur Ajouté par Viktorie le 18 août 2012