La décadanse

Festival La Cour des Contes : "Elle et mon genre"

La julienne

De quel droit se met-il à parler de cette autre moitié de l’humanité à laquelle il n’appartient pas ? C’est la question qui obsède cet homme, comédien à qui l’on demande un jour de concevoir un spectacle qui traite de la condition féminine. Une nuit, l’obsession le cède à l’angoisse et il rêve qu’il échange son corps avec celui de sa femme. Devant l’impossibilité de se réveiller, c’est dans le rêve qu’il… ou devrait-on dire « elle » ? Bref ! C’est dans le rêve qu’il/elle doit honorer son engagement, et comme il n’y a pas d’autre solution, c’est sa femme, avec son corps à lui, qui monte sur les planches...

Ce préambule largement inspiré de faits réels, c’est le début d’un récit à plusieurs histoires… Celle de la femme qui rencontre l’enfant qu’elle a décidé de ne pas avoir… Celle de cette jupe qui cherche désespérément quelqu’un qui puisse la raccommoder… Ou encore cette parabole clairvoyante du prince qui voulait à tout prix qu’un magnifique oiseau reste vivre dans son salon pour qu’il puisse l’admirer depuis son fauteuil…

Autant de légendes et d’histoires vraies collectées par Alberto García Sánchez au gré de ses pérégrinations un peu partout sur la planète et qui ressurgissent à point nommé au moment où les droits des femmes se posent à nouveau de façon cruciale.

"Elle et mon genre propose un regard sur la réalité des femmes. Certes, le regard d’un homme, blanc en plus, hétérosexuel en principe, avec un passeport européen, résident belge et de surcroît catalan ! Mais ce regard, mon regard, est comme mon identité, toujours à la merci de l’empathie, car si je suis Alberto García, il m’arrive d’être Salvador Allende, il m’arrive d’être palestinien, ou d’être noir, indien ou homosexuel, il m’arrive d’être la personne handicapée devant un ascenseur en panne, la femme agressée qui cache un bleu derrière une mèche de cheveux, l’enfant lors de son premier jour d’école ; je serai toujours Hiroshima et Auschwitz. Dans ce sens, et même s’il appartient en premier lieu aux femmes d’être les architectes de leur propre libération, je suis les femmes, nous sommes les femmes. Les injustices qu’elles subissent sont ancrées dans les tripes de l’humanité entière, elles sont nos injustices et nous, hommes et femmes, ne pouvons pas y être indifférents, puisque la lutte pour les droits des femmes est intimement liée à la lutte pour les droits de l’humanité."

Récit : Alberto García Sanchez

Dès 12 ans
Signaler une erreur Ajouté par cultureplo le 13 avril 2023