Heureuse, géniale, miraculeuse, éminemment gracieuse, [la poésie de Federico Garcia
Lorca] est aussi tragique.
Et c'est là sans doute la raison profonde de son universel succès.
Ses pièces sont fascinantes parce qu’elles sont, non seulement tragiques, mais la
tragédie même, l'actus tragicus, l'auto sacramental, la représentation, non point d’une
circonstance particulière et de ses contingentes conséquences, mais de la Fatalité elle-même
et de l'inexorable accomplissement de sa menace :
Elles sont une algèbre de la Fatalité.
La moindre des poésies lyriques de Federico Garcia Lorca ou tel moment de celles-ci
qui se réduit à un cri, à un soupir, à l'incantatoire évocation d'une chose, nuit, lune, rivière,
cheval, femme, cloche, olive, possèdent la même vertu. Laquelle est si puissante que
même à travers la traduction fruit de ferveurs diverses, mais également au-dessus
de tout éloge) on perçoit le son et la chanson, le ton, le tour, l'évidence du langage
original, sa vérité espagnole, sa vérité populaire.
De même se laissent deviner, inhérente au délice, poignante, obscure, terrible, la
présence de la passion et, imminente, l'effusion du sang."