La décadanse

Sonification de données dans les arts et les sciences

Le Commun

Daniel Maszkowicz
Conférence sonifiée
Musique et sons, données scientifiques, subjectivité, communication

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La sonification de données se trouve pratiquement et en somme un peu partout : micro-ondes, distributeurs automatiques, horloges électroniques, matériel de transmission de données, portes de métro. Son but pratique est de notifier une action ( ou la fin de celle-ci ) de manière intelligible afin de transmettre l’information aux personnes auditrices actives ou passives. Avec ce mécanisme à l’esprit, on pourrait, en principe, envisager un processus de sonification qui scannerait une série de données scientifiques avec la capacité d’indiquer s’il y a ou non un résultat intéressant contenu à l’intérieur. La proposition ici est d’utiliser l’oreille au lieu de l’œil comme organe sensoriel pour le diagnostic. Ce processus ne nécessite pas nécessairement de traitement additionnel par rapport à la manière habituelle d’afficher les résultats ; cela exige seulement une façon différente de penser le traitement des résultats avec un ensemble différent de conventions.

En parlant de sonification de données dans l’art, elle ne nécessite pas nécessairement le même type de conventions que celles dont on aurait besoin pour sonifier des données à des fins pratiques. Le langage artistique va généralement bien au-delà du partage pragmatique de l’information en touchant les sphères émotionnelles de la psyché humaine. Mais les données ne véhiculent pas d’émotions, seule leur interprétation le fait. Lorsque Kate Bush chante PI, l’expérience de la personne auditrice n’est pas centrée sur la reconnaissance de l’utilisation des décimales PI dans la composition du morceau. La musique peut évoquer le sentiment d’émerveillement d’une personne face à l’infinité de ce nombre fondamental, mais pas le nombre PI lui-même.

Selon la finalité de sa pratique, qu’elle soit à visée scientifique ou artistique, il y a un biais a priori sur ce que l’on peut attendre du résultat. Les scientifiques s’attendaient à trouver un boson de Higgs dans les pétaoctets résultant des collisions du CERN ; les données ont donc été filtrées pour mettre en évidence certains domaines reflétant des besoins spécifiques. À quoi s’attend-on lorsque nous affirmons que nous avons sonifié les données résultant des collisions de particules ? Une bande originale d’un film de science-fiction des années 80 ? Une sorte de bruit blanc non identifiable ? Le son de Dieu ? Peut-être tout à la fois...

Vivant actuellement à Ste-Croix en Suisse, Daniel Maszkowicz ( Daniel Siemaszko ) est à la fois ingénieur chercheur, programmateur cinéma indépendant, performeur pluridisciplinaire, compositeur et producteur. Ayant travaillé en tant que scientifique au CERN - Centre Européen de Recherche Nucléaire - il a recueilli de nombreux enregistrements sonores de terrain provenant notamment d’équipements et de machines tout à fait uniques qu’il a rencontrées en errant dans les laboratoires et les tunnels. Il est aujourd’hui ingénieur R&D en électronique de puissance chez Hitachi Energy.

En tant que musicien, il travaille avec l’artiste multidisciplinaire Nat Cilia sur le duo de jazz électroacoustique INFLUUT ainsi que la création théâtrale INTUITIO qui mèle musique, cinéma et langage corporel. Il travaille également avec l’artiste sonore Emma Souharce sur un orchestre de générateurs de fonctions de laboratoire obsolètes assemblés en une installation d’électronique analogique primitive appelée Biblioteq Mdulair. Pour son projet solo Kosmoscore, il utilise l’environnement de programmation musicale SuperCollider pour des performances sonores spatialisées et des installations utilisant l’électricité à haute tension. Sa musique vise une atmosphère immersive et hypnotique avec des battements basse fréquence synchronisés pour une immersion d’ondes cérébrales naturelles avec de multiples effets binauraux. Sa performance marathon Cosmic Sleep a été présentée à plusieurs reprises dans le cadre de nuits sonorisées ou siestes sonores.

Daniel Maszkowicz a présenté son travail internationalement en conférence ou dans des galeries, et a contribué à de nombreuses bandes sons originales et publications. Aujourd’hui, il travaille sur la composition musicale algorithmique pour des pièces en multidiffusion et diverses installations sonores. Il donne des séminaires et des ateliers sur la pratique de la sonification des données avec Python et SuperCollider, avec une approche à la croisée entre science et art, laissant parler à la fois l’ingénieur et l’artiste.

Renaissance - exposition d'abstractions algorithmiques
Installations, performances, conférences, du 2 au 25 juin 2022, Le Commun Genève


Renaissance est une exposition d’installations audio-visuelles réalisées en collaboration par le duo de plasticiens numériques du Robert Turner Collective et le duo de musique électroacoustique jazz INFLUUT. Les œuvres d’abstraction algorithmique proposent une immersion synesthésique, in­vitant à l’introspection et la méditation.

Chaque jour présente un événement pour lequel les artistes, scientifiques ou collectifs invités proposent une intervention qui résonne avec les thématiques de l’exposition. Des performances, des conférences, des installations, et un festival de nuits sonorisées rythment l’ensemble de Renaissance.

De nature transdisciplinaire, cette exposition a pour vocation d’apporter une sorte de démystification sur la notion générale de l’algorithme. Elle traite de manière parfois didactique, parfois ludique, parfois organique, des thèmes peut-être encore difficiles d’accès avec une attitude positi­ve et inclusive.

Bienvenu·e·x·s
19:00 – 20:00
entrée libre
Signaler une erreur Ajouté par maszkowicz le 6 juin 2022