La décadanse

L'Homme apparaît au Quaternaire

POCHE /GVE

texte_Max Frisch
traduction_Gilberte Lambrich
adaptation & mise en scène_mAthieu Bertholet

jeu_Aurélien Gschwind, Fred Jacot-Guillarmod, Zacharie Jourdain, Céline Nidegger, Zoé Sjollema

Monsieur Geiser est un vieil homme qui perd la mémoire. Seul dans son chalet sous une pluie infinie qui noie la vallée, Monsieur Geiser oublie, essaie de se rappeler mais ne sait plus. Il s’accroche à des bouts de papiers, fait des listes, découpe des encyclopédies et dévisse la main courante des escaliers. Exaspéré par la pluie monotone qui emporte des cailloux dans ses salades, inonde sa cave, et détrempe les moutons sur son chemin, il s’en va tout en haut de la montagne avec son parapluie. Il glisse sur le chemin de pierre mais continue, sans vraiment savoir pourquoi. La sueur sur sa peau se mêle à l’eau qui lui ruisselle dans le cou. L’odeur de la terre mouillée, de moisi le saisi lorsqu’il trébuche et s’écorche. Finalement, il fera demi-tour et ne quittera pas la vallée. Monsieur Geiser se questionne sur la terre sous ses pieds et sur les nuages dans sa tête. Il tâche de comprendre les êtres qui étaient là bien avant lui mais le brouillard gagne du terrain. Monsieur Geiser n’est pas un batracien. Il l’a su un jour mais aujourd’hui il se rend. L’érosion est un processus lent.

Peu d’auteures ont sondé avec tant de dextérité les méandres de l’identité des individus (et de la Suisse). Ici, Max Frisch ouvre une brèche dans un orage pour que nous puissions assister, emportées et chavirées, à la calcification de Monsieur Geiser. Et mAthieu Bertholet se charge de vous faire sentir la sensualité des pierres, l’éternité de la pluie.

Intégrale (ou presque)
Signaler une erreur Ajouté par LePoche le 17 décembre 2021