La décadanse

𝐃𝐄́𝐓𝐑𝐔𝐈𝐒𝐄𝐙-𝐕𝐎𝐔𝐒 + 𝐕𝐈𝐓𝐄 | «𝐕𝐢𝐭𝐞, 𝐙𝐚𝐧𝐳𝐢𝐛𝐚𝐫», 𝐌𝐨𝐬𝐬𝐞𝐭 𝐞𝐭 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 #𝟐

Spoutnik

«𝐕𝐢𝐭𝐞, 𝐙𝐚𝐧𝐳𝐢𝐛𝐚𝐫», 𝐌𝐨𝐬𝐬𝐞𝐭 𝐞𝐭 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 #𝟐

En collaboration avec le MAMCO, dans le cadre de l’exposition Olivier Mosset

𝐃𝐄́𝐓𝐑𝐔𝐈𝐒𝐄𝐙-𝐕𝐎𝐔𝐒 | 𝐒𝐞𝐫𝐠𝐞 𝐁𝐚𝐫𝐝 | 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞 | 𝟏𝟗𝟔𝟖 | 𝟕𝟎’
Il faut couper tous les ponts, renverser le saisissement identificatif en un saisissement agressif, qui doit faire de chaque film un point d’interrogation dont la pensée du spectateur sera la seule réponse, ou l’absence de réponse. EN SOMME, CELA SIGNIFIE SIMPLEMENT LA GUERRE. Serge Bard
Premier film du groupe Zanzibar, tourné par Serge Bard en avril 1968, participant au cinéma et aux évènements de la fin des années soixante, Détruisez-vous, dont le titre reprend un graffiti de l’époque.

𝐕𝐈𝐓𝐄 | 𝐃𝐚𝐧𝐢𝐞𝐥 𝐏𝐨𝐦𝐦𝐞𝐫𝐞𝐮𝐥𝐥𝐞 | 𝐅𝐫𝐚𝐧𝐜𝐞 | 𝟏𝟗𝟔𝟖 | 𝟑𝟑’
Financé par Sylvina Boissonnas, VITE fut le film le plus coûteux des productions Zanzibar. Trois ans avant, dans la Collectionneuse d’Eric Rohmer, Pommereulle et son ami Adrien philosophait autour de la question du Vide. C’est comme si l’artiste avait ici transformé ce VIDE en VITE, marquant une profonde déception par rapport aux événements de Mai 1968, lançant une attaque au vitriol contre le monde occidental et déclarant une guerre à la lenteur.

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Un mot d’abord – la vitesse – pour tenter de rassembler les sept films de ce programme. Car chacun d’eux est l’expression d’un geste fulgurant, pulsion de vie pour disparaître ensuite. 1967-1973, l’expérience Zanzibar: des jeunes dandy enragé.e..s, réuni.e.s par un même désir de révolution aussi bien intérieure qu’extérieure, font une série de films où il est question de se “se perdre dans l’extase.” Cela dure quelques années seulement et ça ne pouvait pas durer plus. Le temps d’une jeunesse qui dérive dans les rues et vit l’imminence de mai 68 autant que son testament. “Seule issue: se tendre vers le recoin de la perte. Seule vitesse: la lumière” dit une voix off dans Détruisez-vous. Le temps aussi de Vite: film comme une pure déclaration de guerre à la lenteur. Ce combat n’est qu’une facette d’une lutte plus globale. La cible? Tout ce que le cinéma de consommation fait habituellement: solidifier les identités, produire des mythes, faire primer la narration sur tout le reste. Ainsi, Deux fois de Jackie Raynal s’ouvre sur cette annonce: “Ce soir ce sera la fin de la signification”. S’ensuit un film magnifique, “ciselage moderne et féministe du cinéma dominant et nouvelle version d’Alice aux pays des merveilles” pour reprendre les termes d’Adrian Martin.

La fulgurance de Zanzibar trouve des résonances ailleurs. Aussi à la veille de mai 68, Etienne O’Leary, proche de Zanzibar, compose des morceaux psychédéliques qu’il associe à l’agitation des rues de Paris, Lausanne, Londres. Des films-trips qui ouvrent des portes à Pierre Clementi, auteur de deux brûlots poétiques trempés d’acide. (Visa de Censure N°X et La révolution n’est qu’un début). Le sublime Clementi est aussi le corps fétiche des films Zanzibar et l’acteur d’un film rare, Wheels of Ashes, réalisé par un New Yorkais échoué dans les rues de Paris en 67. Là encore, l’élan vital voisine avec l’attrait du néant. S’y croisent deux jeunes mendiant.e.s christiques, en quête d’intensité et de paradis artificiels. “On me dit que je m’éloigne de la réalité, la seule que je connaisse c’est le chaos.”

Parcourir ces sept films, c’est se rendre compte qu’entre les deux pôles de la contre-culture (New York, Paris), la limite est poreuse, que ces deux mondes géographiquement lointains convergent vers une idée de pop-culture: beauté, acide, utopie, mysticisme et la musique en toile de fond. En 1973, la voix de Nico, du Velvet Underground fait vibrer le désert du Nouveau Mexique dans La cicatrice intérieure, dernier film-zanzibar réalisé par Philippe Garrel. Ici encore se devine la possibilité d’une communauté utopique en même temps que la détresse d’une génération.

Saut dans le temps enfin, entre 1979 et 1980, dans les clubs new yorkais. Il est à nouveau question de la jeunesse, au lendemain de Warhol, de la Factory et du Velvet Underground. Des musicien.e.s, des artistes et des cinéastes passent tant derrière la caméra que devant. C’est le moment No Wave et ça donne entre autres ces deux films, Underground USA et Downtown 81. On y trouve Basquiat, ses errances, son amour du graffiti sur les murs de Manhattan. On y contemple aussi toute une faune, aussi généreuse qu’inquiète, aussi flamboyante que prête, en direct, à se consumer.

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𝐈𝐧𝐟𝐨𝐬 𝐩𝐫𝐚𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬 :

𝐎𝐮𝐯𝐞𝐫𝐭𝐮𝐫𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐨𝐫𝐭𝐞𝐬 𝟐𝟎𝐡𝟎𝟎. 𝐏𝐫𝐨𝐣𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝟐𝟎𝐡𝟑𝟎.

𝐉𝐚𝐮𝐠𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐚𝐥𝐥𝐞 𝐫𝐞́𝐝𝐮𝐢𝐭𝐞 𝐚̀ 𝟒𝟎 𝐩𝐥𝐚𝐜𝐞𝐬. 𝐏𝐚𝐬 𝐝𝐞 𝐫𝐞́𝐬𝐞𝐫𝐯𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐩𝐨𝐬𝐬𝐢𝐛𝐥𝐞.

𝐏𝐨𝐫𝐭 𝐝𝐮 𝐦𝐚𝐬𝐪𝐮𝐞 𝐨𝐛𝐥𝐢𝐠𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐮𝐧𝐞𝐬 𝐝𝐮 𝐜𝐢𝐧𝐞́𝐦𝐚 (𝐜𝐚𝐢𝐬𝐬𝐞, 𝐡𝐚𝐥𝐥, 𝐭𝐨𝐢𝐥𝐞𝐭𝐭𝐞𝐬) 𝐞𝐭 𝐩𝐞𝐧𝐝𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐚 𝐬𝐞́𝐚𝐧𝐜𝐞.

𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐩𝐫𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐞́𝐠𝐚𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐚𝐢𝐬𝐬𝐞𝐫 𝐯𝐨𝐬 𝐜𝐨𝐨𝐫𝐝𝐨𝐧𝐧𝐞́𝐞𝐬 (𝐧𝐨𝐦, 𝐩𝐫𝐞́𝐧𝐨𝐦, 𝐧𝐮𝐦𝐞́𝐫𝐨 𝐝𝐞 𝐭𝐞́𝐥𝐞́𝐩𝐡𝐨𝐧𝐞, 𝐚𝐝𝐫𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐞-𝐦𝐚𝐢𝐥).
20:30 – 22:30
Prix Spoutnik
Signaler une erreur Ajouté par Cinéma Spoutnik le 31 mai 2021