La décadanse

Ouverture - Milestones de Robert Kramer

Spoutnik

"Milestones" de Robert Kramer et John Douglas, Etats-Unis, 1975, 3h19, copie 35mm, VO anglais, sous-titré français

Un film-fleuve, un foyer d’intensité qui pourrait durer une vie, pour commencer cette nouvelle année au Spoutnik.

Qu’est ce qui fait tenir un collectif? Une communauté peut-elle se constituer par le biais du cinéma? Tels sont les questions que posent inlassablement les images et les voix qui peuplent Milestones. Le film arrive après 68, après les utopies, après la ferveur, après les années de fronts. Celles des Afro-américain.e.s, des femmes et des jeunes travailleur.euse.s investi.e.s dans des nouvelles formes d’organisations communautaires, écologistes et dans une lutte permanente contre les discriminations raciales, l’oppression policière et la guerre du Vietnam. Après celles aussi de Robert Kramer, John Douglas et leur collectif Newsreel, qui vont produire de 67 à 71, une quarantaine de courts-métrages utilisant la caméra pour susciter la confrontation, modifier les consciences, apporter le soutien aux combats des minorités. Donc, Milestones documente ce qui suit cette vague d’insurrections. Ce moment où une certaine sous-culture américaine - jeunes étudiant.e.s, vétéran.e.s du Vietnam, artisan.e.s, artistes - se retrouve un peu à la dérive et paie ses années de marges et d’activisme. Le film apparaît alors comme cette occasion, par un croisement du documentaire et de la fiction, de collecter les questions et les doutes, de reconnaître ses erreurs et les petites victoires. Un tissu de réflexions, de pratiques et connaissances qui marque des étapes - Milestones signifie borne, jalon - et cherche de nouvelles voies. La piste par exemple d’un retour à la terre, celle des natifs, des parents et des fantômes du colonialisme. Car Kramer, depuis les années 60 jusqu’aux années 90, n’aura fait autre chose que de faire retour. Faire ressurgir les strates successives du territoire, produire des tensions entre le passé et le présent et ainsi mettre en suspens, le temps d’un film, les certitudes de l’Histoire. Revenir, reprendre, changer de perspective: il y a à cet endroit un geste qui nous est cher.

Ouverture du bar 18h30
Film à 19:30
Prix libre
Signaler une erreur Ajouté par Cinéma Spoutnik le 3 janvier 2020