La décadanse

Marlene Monteiro Freitas de marfim e carne - as estátuas também sofrem

ADC

spectacle de danse
performance
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Bal grotesque de pantins mécaniques et de figures pétrifiées, en réponse au film d’Alain Resnais, Chris Marker et Ghislain Cloquet, Les statues meurent aussi. Halluciné et hallucinant.
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Chorégraphe extravagante à l’univers habité de créatures hybrides, la Cap-Verdienne Marlene Monteiro Freitas redonne vie aux classiques dans des spectacles d’une grande sincérité. Ses Bacchantes – Prélude pour une purge, s’inspirent d’Euripide sur une petite musique de Jérôme Bosch, avec de marfim e carne – as estátuas também sofrem , c’est Ovide qu’elle ressuscite. Dans un mélange de genres qui lui est propre, elle sort du même coup de la censure et de l’oubli le magnifique documentaire sur l’art africain assassiné d’Alain Resnais et Chris Marker Les statues meurent aussi (1953). « Notre attention s’est portée sur l’esthétique du film, » dit-elle, « la succession des masques, les plans choisis, l’intensité de la musique et de lumière, la prolifération des mots du narrateur, les ruptures… Ces éléments ont offert au réalisateur un pouvoir animiste : il rend vivant des objets qui ont le pouvoir d’échange et de partage. »

Sur cette trame hautement colorisée, la danseuse et chorégraphe jette quatre danseurs et trois musiciens dans un bal de pétrifiés, peignoirs de catcheurs en soie ou plastrons d’escrimeurs bleu électrique, les bouches béantes et grimaçantes. Souvenirs des carnavals de son enfance, masques de dieux africains ou zombies désarticulés. La chorégraphe les réveille tous. Le vent de ses folies allume la mèche de la métamorphose, anime les pierres, délie les langues. Pour une dernière chanson de Nina Simone : Feelings, elle coule du désir dans les veines.

bio
Née au Cap-Vert, passée par P.A.R.T.S. à Bruxelles et installée à Lisbonne, la danseuse et chorégraphe Marlene Monteiro Freitas a fondé sa troupe de danse Compass à 14 ans. Elle a travaillé depuis avec Emmanuelle Huynh, Loïc Touzé, Tânia Carvalho, Boris Charmatz. En 2005 Primeira Impressao ouvre la voie aux figures excentriques et à la folle intensité de sa danse qui distinguent depuis ses créations. Elle reçoit en 2018 le Lion d’Argent pour la Danse de la Biennale de Venise.

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Signaler une erreur Ajouté par Cécile le 22 novembre 2019