La décadanse

Yann Mingard

Musée de l'Élysée

Tant de choses planent dans l’air, d’où notre vertige

À visiter du mardi au dimanche de 11h à 18h.
Du 29 mai au 25 août 2019

Yann Mingard, Tant de choses planent dans l’air, d’où notre vertige, Chapitre « Ice Core », Institut des Géosciences de l’Environnement, Equipe Glace, Grenoble, France, 2017 © Yann Mingard / Courtesy Parrotta Contemporary Art

Le projet Tant de choses planent dans l’air, d’où notre vertige a été conçu par le photographe suisse Yann Mingard entre 2015 et 2018. Il marque une nouvelle évolution de l’intérêt que porte l’artiste à la création d’un « diagnostic photographique de la contemporanéité », en rapport avec des phénomènes naturels, technologiques et sociaux ainsi que leur impact sur notre état d’esprit actuel et celui du monde en général. L’exposition reflète l’engagement et le soutien constants du Musée de l’Elysée envers les artistes suisses émergents, ou déjà plus avancés dans leur carrière, comme ce fut le cas avec Nicolas Savary et Matthias Bruggmann. C’est par ailleurs une première en Europe.

L’oeuvre de Yann Mingard, qui vit à Colombier et est horticulteur de formation, s’inspire de notions et de méthodes empruntées à la géologie, comme celles de sédimentation et de stratification. Elle engendre des métaphores tenant du paradoxe ou de la dystopie, à l’instar de situations qui parviennent à combiner des phénomènes aux temporalités différentes, téléportant ainsi l’observateur de l’instant présent vers notre passé préhistorique. Cela s’illustre, par exemple, dans un sous-chapitre où l’artiste explore le paysage médiatique actuel et l’histoire de l’art, juxtaposant des images prises, par webcam, de ciels métropolitains chinois à des morceaux de ciels peints par William Turner au XIXe siècle. Ces doubles mouvements, tant dans le temps que dans l’espace, ont été inspirés par les travaux d’un climatologue qui a étudié, sur la durée, le changement climatique à travers des preuves visuelles fournies par un nombre important de peintures historiques. En combinant un style photographique assez sombre dans ses natures mortes et ses paysages avec des documents et enregistrements provenant d’une variété de sources, Yann Mingard crée un itinéraire visuel synoptique en huit chapitres. Côte à côte se retrouvent des scénarios de presque accidents nucléaires, des tentatives de résurrection du mammouth laineux et l’évolution, ou plus exactement l’inversion, d’une prière catholique qui remonte à 1678 et est utilisée dans la région d’Aletsch pour préserver son glacier.

Le contexte mondial et les cadres temporels géologiques dans lesquels se produisent le changement climatique et l’anthropocène – appelée aussi la Grande accélération –, où l’activité humaine a pris une ampleur planétaire, sont ici mis en scène comme des chapitres secondaires parfois absurdes, propres à un lieu et un moment historique particuliers. Au final, l’exposition nous invite à réfléchir sur notre propre rôle et nos prises de position en tant que citoyens et consommateurs, dans un monde qui semble de plus en plus à la dérive et pris de vertige face au destin qui sera le nôtre en tant que réseau planétaire d’acteurs humains et non humains.

L’exposition reçoit le généreux soutien de la Fondation Casino Barrière de Montreux et de la Fondation Volkart.

Vernissage : mardi 28 mai à 18h

L’exposition, située au premier étage et au sous-sol, est partiellement accessible aux chaises roulantes.
Commissaire

Lars Willumeit, département des expositions, Musée de l’Elysée
11:00 – 18:00
Signaler une erreur Ajouté par michel le 16 juin 2019