La décadanse

L'Homme qui rit

Salle communale de Plainpalais
Théâtre Pitoëff

adaptation du roman de Victor Hugo
équipe artistique Eric Devanthéry
Pierre Dubey
José Ponce, Valentine Savary, Philippe Maeder, Katrine Zingg

— Ursus et Homo étaient liés d’une amitié étroite. Ursus était un homme, Homo était un loup. C’était l’homme qui avait baptisé le loup. Probablement il s’était aussi choisi lui-même son nom ; ayant trouvé Ursus bon pour lui, il avait trouvé Homo bon pour la bête. L’association de cet homme et de ce loup profitait aux foires, aux fêtes de paroisse, aux coins de rues où les passants s’attroupent, et au besoin qu’éprouve partout le peuple d’écouter des sornettes et d’acheter de l’orviétan. Ce loup, docile et gracieusement subalterne, était agréable à la foule. Voir des apprivoisements est une chose qui plaît. Notre suprême contentement est de regarder défiler toutes les variétés de la domestication. C’est ce qui fait qu’il y a tant de gens sur le passage des cortèges royaux.

— Ursus et Homo allaient de carrefour en carrefour, de pays en pays, de comté en comté, de ville en ville. Un marché épuisé, ils passaient à l’autre. Ursus habitait une cahute roulante qu’Homo, suffisamment civilisé, traînait le jour et gardait la nuit. Dans les routes difficiles, dans les montées, quand il y avait trop d’ornière et trop de boue, l’homme se bouclait la bricole au cou et tirait fraternellement, côte à côte avec le loup. Ils avaient ainsi vieilli ensemble. Quand la carriole s’arrêtait dans quelque champ de foire, quand les commères accouraient béantes, quand les curieux faisaient cercle, Ursus pérorait, Homo approuvait. Homo, une sébile dans sa gueule, faisait poliment la quête dans l’assistance. Ils gagnaient leur vie. Le loup était lettré, l’homme aussi.

— Ursus était sagace, invraisemblable, et curieux, et enclin aux explications singulières, que nous appelons fables. Il avait l’air d’y croire.
20:00 – 21:00
25.- /15.- /10.-
022 808 04 50
Signaler une erreur Ajouté par pitoëff le 16 octobre 2018