La décadanse

CINÉ CONCERT: PARASITE SANS S JOUE CHAMPS DE BLÉ AUX CORBEAUX

Spoutnik

Guiseppe Greco, Suisse, 2016, 45′, coul., HD, sans parole

Ciné concert musique et danse live improvisée

Avant il n’y avait pas cette lumière illicite. Avant il n’y avait pas de corbeaux dans le champ de blé, seulement trois satanés chemins vers le passé, le présent et l’ultra-futur. J’en suis presque sûre. Mais là, les chimpanzés des airs font un bruit qui grince des dents, sorte de brouillard sonique accompagné d’orage. Et quelque chose frémit de cette mêlée, aimanté par l’équinoxe.

Le ciné-concert Champ de blé aux corbeaux, projet du groupe “Parasite sans s”, donne à voir les divagations de qui regarde d’un peu trop près un tableau. Le film balaye : pensées, peurs, zones de fascination, rêves et associations d’idées improbables, fantasmes et pulsions déclenchés par le tableau dont l’intensité écorche l’écran. Et si l’on imaginait la chaîne d’idées qui se greffent au cadre, sans lien de causalité rationnel ?

Alors on passe d’un paysage psychédélique à une forêt profonde, du creux du vent vers des champs dont les blés happent un corps dansant. Alors on explore les interstices de ce paysage dont les herbes sauvages courbent l’échine, lorsque le ciel s’anime de noir et le sol boueux colle aux semelles. Cette aventure de 45 minutes n’est autre qu’une toile qui prend vie à force d’intensifier le regard.

La musique de “Parasite sans s”, improvisée chaque soir par les trois musiciennes, trace la cartographie des émotions. Elle se veut lunaire, mais triomphante, entre le bourdon et les plumes, tantôt elle fait peur, tantôt elle rassure, mais jamais elle ne suit un tracé balisé. Sciemment elle cherche les broussailles électriques et les pas qui déraillent. Ses atmosphères chamaniques se perdent avec délice dans des expérimentations qui recyclent l’or du cheveu, le noir de la pupille, le rouge des lèvres. Naturellement les choses se croisent un pied dans le passé, l’autre dans le présent, et le troisième dans l’ultra-futur.

Danseuse en chair et en os au pied de l’écran, Marie-Élodie Vattoux est aussi filmée par Guiseppe Greco dans des espaces naturels à couper le souffle. Alors qu’elle était jusque-là d’une sobriété implacable, la caméra s’envole et surplombe la jeune fille dont le regard maquillé se dissout en corbeaux.

– Parasites sans s

Portes à 20h, Concert à 20h30
20:30
Normal: 12 CHF / Réduit: 8.- / Membre: 7.- / Enfant: 5.- / 20ans20ans: 5.-
Signaler une erreur Ajouté par Cinéma Spoutnik le 23 avril 2018