La décadanse

TRIBUTE TO DEREK JARMAN - THE LAST OF ENGLAND

Spoutnik

ROYAUME UNI, 1987, 95', COUL., DCP, VO ANGLAIS ST FRANÇAIS

“Mon professeur disait: il y a plus de murs en Angleterre qu’à Berlin”.

“The Last of England” est un film essai dépeignant le déclin et la fin de l’Angleterre ravagée et détruite par des violences politiques et sociales. L’atmosphère post-apocalyptique du film est parsemée par des images marquantes: un garçon qui se masturbe sur un tableau du Caravage, des personnages errantes qui se piquent, des exécutions, un un bébé entouré de titres de journaux belliqueux, etc. Le film dénonce la médiocrité de la société et de l’Angleterre ultralibérale de Thatcher dans un essai ultra personnel qui se situe dans un futur dystopique proche.

Summum d'expérimentation du réalisateur, ce film convulsif et lyrique est composé d’innombrables images de provenances et supports divers et dont des archives familiales du cinéaste. La bande son rageuse (dont des morceaux de Diamanda Galas, Marianne Faithfull ou des discours d’Hitler), participe à la célébration du romantisme de la violence comme pure révolte. Un film visionnaire et post-moderne avant l’heure probablement le plus politique et formellement plus créatif de son oeuvre.

TRIBUTE TO DEREK JARMAN

Voix singulière et immensément libre de la contre culture des années 1970-1990, résolument critique de la très normative société britannique, et centrale dans le champ du cinéma queer et gay de l’époque.

« Plus que tout autre cinéaste de l’époque, Derek Jarman se situe à un carrefour entre un cinéma underground mettant l’accent sur les recherches formelles, un cinéma identitaire aux tonalités d’abord politiques et un cinéma de l’intime et de la construction de soi. » écrit Didier Roth Bettoni en décembre 2007 (c Derek Jarman / Jean Cocteau, Théâtres au cinéma, Magic Cinéma, 2008).

En traversant le parcours de Derek Jarman (1942-1994) on découvre un cinéaste qui ne cesse d’expérimenter des formes, de se salir les mains et faire un cinéma brut, dans l’économie des moyens, souvent en vidéo, 16mm ou Super 8. Son oeuvre prolifique, encore assez peu connue dans son ensemble, compte une douzaine de longs métrages et une quarantaine de courts, de vidéoclips, ainsi que de livres de poésie, des essais et des tableaux. Ce programme s’articule autour de quatre des ces premiers films en copie numérique récemment restaurés: « Sebastiane », « Jubilée », « La Tempête » et « The Last of England ».

Avec « Sebastiane », on découvre le Jarman militant homosexuel, qui engage dans son cinéma une déconstruction du corps masculin, des identités des genres et leur représentation au sein de la société. Très à l’écoute du climat social et politique, Derek Jarman poursuit son oeuvre avec deux films dépeignant une société britannique. Diamétralement opposés dans leur forme: « Jubilée » est un film d’anticipation résolument punk, et « La Tempête » constitue une minutieuse adaptation de William Shakespeare. « The Last of England », oeuvre charnière qu’il réalise peu après avoir découvert sa séropositivité, et une réaction ouvertement critique à la politique thatchérienne et à l’état du monde.

Son cinéma a rassemblé autour de lui des grand·e·s artistes contemporaines comme l’actrice Tilda Swinton, le compositeur Brian Eno, et des nombreuses musicien·ne·s punk et rock comme Adam and the Ants et Siouxie and the Banshees. Son oeuvre est souvent associée pour des raisons évidentes à Kenneth Anger et Pier Paolo Pasolini mais aussi à Carmelo Bene ou Jack Smith pour leur mysticisme et la fascination commune pour les grands personnages de l’histoire artistique et politique.
20:30
normal 12.- / réduit 8.- / membre 7.- / enfant 5.- / 20ans20francs 5.-
Signaler une erreur Ajouté par Cinéma Spoutnik le 23 septembre 2017