La décadanse

TRIBUTE TO DEREK JARMAN - LA TEMPÊTE (TEMPEST)

Spoutnik

ROYAUME UNI, 1979, 95', COUL., DCP, VO ANGLAIS ST FRANÇAIS

Le mage Prospero, anciennement duc de Milan déchu par son frère, vit sur une île déserte avec sa fille Miranda. Il contrôle les éléments naturels et les esprits Ariel et Caliban avec qui il parvient à provoquer le naufrage d’un navire portant son frère, ainsi que le roi de Naples et son fils. Sur l’île, il leur fait subir diverses épreuves à caractère initiatique dans le but de les punir de leur traîtrise, mais cette querelle se termine sur une réconciliation et la libération des deux esprits.

Avec cette adaptation très personnelle d’un des derniers écrits de William Shakespeare, Derek Jarman réalise un film théâtral au visuel flamboyant. L’univers de sortilège et d’intrigues du dramaturge est sublimé par une scénographie hyper maîtrisée, où évoluent des personnages qui reflètent une grande richesse de psychés humaines. À travers la symbolique de l’île, il dépeint une Angleterre contemporaine en perte de repères et déboussolée.

TRIBUTE TO DEREK JARMAN

Voix singulière et immensément libre de la contre culture des années 1970-1990, résolument critique de la très normative société britannique, et centrale dans le champ du cinéma queer et gay de l’époque.

« Plus que tout autre cinéaste de l’époque, Derek Jarman se situe à un carrefour entre un cinéma underground mettant l’accent sur les recherches formelles, un cinéma identitaire aux tonalités d’abord politiques et un cinéma de l’intime et de la construction de soi. » écrit Didier Roth Bettoni en décembre 2007 (c Derek Jarman / Jean Cocteau, Théâtres au cinéma, Magic Cinéma, 2008).

En traversant le parcours de Derek Jarman (1942-1994) on découvre un cinéaste qui ne cesse d’expérimenter des formes, de se salir les mains et faire un cinéma brut, dans l’économie des moyens, souvent en vidéo, 16mm ou Super 8. Son oeuvre prolifique, encore assez peu connue dans son ensemble, compte une douzaine de longs métrages et une quarantaine de courts, de vidéoclips, ainsi que de livres de poésie, des essais et des tableaux. Ce programme s’articule autour de quatre des ces premiers films en copie numérique récemment restaurés: « Sebastiane », « Jubilée », « La Tempête » et « The Last of England ».

Avec « Sebastiane », on découvre le Jarman militant homosexuel, qui engage dans son cinéma une déconstruction du corps masculin, des identités des genres et leur représentation au sein de la société. Très à l’écoute du climat social et politique, Derek Jarman poursuit son oeuvre avec deux films dépeignant une société britannique. Diamétralement opposés dans leur forme: « Jubilée » est un film d’anticipation résolument punk, et « La Tempête » constitue une minutieuse adaptation de William Shakespeare. « The Last of England », oeuvre charnière qu’il réalise peu après avoir découvert sa séropositivité, et une réaction ouvertement critique à la politique thatchérienne et à l’état du monde.

Son cinéma a rassemblé autour de lui des grand·e·s artistes contemporaines comme l’actrice Tilda Swinton, le compositeur Brian Eno, et des nombreuses musicien·ne·s punk et rock comme Adam and the Ants et Siouxie and the Banshees. Son oeuvre est souvent associée pour des raisons évidentes à Kenneth Anger et Pier Paolo Pasolini mais aussi à Carmelo Bene ou Jack Smith pour leur mysticisme et la fascination commune pour les grands personnages de l’histoire artistique et politique.
20:30
normal 12.- / réduit 8.- / membre 7.- / enfant 5.- / 20ans20francs 5.-
Signaler une erreur Ajouté par Cinéma Spoutnik le 23 septembre 2017