La décadanse

Elfmaids

Solvej Dufour Andersen

installation sonore

exposition du 14 juin au 4 juillet 2008

"Entretien de Solvej Dufour Andersen avec Jeremy Gold


Jeremy Gold : Depuis un certain temps tu as commencé à utiliser dans tes installations des sons minimaux, accompagnés d’effets de lumière. Quelle est la relation entre la lumière et le son chez toi ?


Solvej Dufour Andersen : La lumière et le son ont une qualité immatérielle, il s’agit en effet d’ondes ou de rayons. Les deux sont souvent difficiles à percevoir ; de ce fait, ils correspondent peut-être à ce qui, dans une histoire, se cache entre les lignes. D’un point de vue de l’architecture, le rapport entre la lumière et le son est intéressant car, moyennant peu d’éléments, ils sont capables de remplir et de transformer ainsi un espace entier.


Jeremy Gold: Ceci étant l’aspect plutôt physique, psychologiquement, il me paraît qu’il s’agit d’éléments qui cherchent à créer une ambiance intégrale, qui permettent d’oublier l’environnement, comme au cinéma ou dans une disco.

Solvej Dufour Andersen : … et qui proposent une narration. Une histoire faite de lumière et de son est moins didactique – chacun peut réagir avec ses propres émotions, sentiments et rêves. La lumière et le son transmettent une image plus subtile et probablement plus individuelle. Dans mes installations particulièrement minimalistes, le spectateur dispose d’une grande marge pour créer sa propre narration.

Jeremy Gold: D’un autre côté, tes installations sont parfois elles-mêmes narratives, tu esquisses des histoires, et la plupart du temps, la voix humaine est ton acteur principal. Quelle est l’origine de ces fragments ?


Solvej Dufour Andersen: Ils proviennent de la culture populaire occidentale. Etant donné que je suis moi-même profondément non musicale, j’ai pris l’habitude de travailler avec des musiciens et des chanteurs professionnels. Je suis fascinée par la voix humaine et par ce que l’on peut en faire. Ce qui est typique dans mon travail, c’est que je fais faire à ces musiciens professionnels des choses qu’ils ne feraient jamais. Par exemple, j’ai employé un musicien comme acteur, j’ai fait une vidéo avec des chanteurs d’opéra qui font semblant de chanter, j’ai demandé à une chanteuse jazz de chanter un tube de rock et de s’interrompre au milieu, comme si elle ne n’arrivez plus à finir la chanson. C’est un travail à propos de la notion de l’évidence. A travers un jeu de changements subtils – je remplace quelques petits éléments par d’autres – j’essaie de mettre en question ce que l’on appelle la « réalité ».


Jeremy Gold : Dans tes vidéos, le langage documentaire est associé à des contenus fictifs. Pourrais-tu spécifier ce rapport ?

Solvej Dufour Andersen: J’ai toujours été intéressée par des personnes qui avaient quelque chose à raconter. Ces histoires ne doivent pas forcément être spectaculaires. Malgré leur caractère documentaire, il s’agit de fictions, car en racontant, le narrateur travaille sans cesse la réalité. Quand, à mon tour, je me mets à monter la vidéo, ce processus est répété et amplifié. Je prends les éléments qui m’intéressent et je laisse d’autres de côté. En ajoutant des images supplémentaires, fictionnelles pour du vrai, je renforce cette idée, tout en permettant à l’histoire de gagner une certaine universalité."
13:30 – 18:30
entrée libre
Signaler une erreur Ajouté par michel le 4 juin 2008