La décadanse

SHARON LOCKHART

Spoutnik

Projection gratuite a la HEAD

"L’artiste et photographe américaine Sharon Lockhart a développé une oeuvre filmique rigoureuse qui s’inscrit dans la postérité du cinéma « structurel », tout en renouvelant
ce dernier par l’introduction d’une dimension anthropologique. La marque du style de Lockart est aisément identifiable : des moments quotidiens ou des activités ritualisées
sont transcendés à travers un cadrage fixe ; ces plans séquences, longuement tenus, s’imposent par la qualité plastique de leur photographie. Ainsi, GOSHOGAOKA est composé de six séquences de dix minutes tournées dans la salle de gym d’une école au Japon ; des jeunes filles s’entraînent, se préparent à un match de basket qui restera hors champ. Une tension s’instaure entre la fixité de la caméra et les mouvements internes au cadre ; mais surtout, une valeur documentaire émane du film, le spectateur reliant comme naturellement les jeunes filles en tenue de sport à la culture de la conformité japonaise. Pourtant, cette première lecture s’avère rapidement trompeuse: OSHOGAOKA s’apparente encore à une chorégraphie, évoquant la danse minimaliste ou postmoderne (de fait, Steven Galloway, chorégraphe du ballet de Francfort, a travaillé deux mois avec les jeunes filles).
TEATRO AMAZONAS, du nom d’une salle d’opéra de Manaus, au Brésil, interroge l’activité de perception d’un spectacle et le positionnement du public. Sharon Lockhart a découvert la salle Teatro Amazonas à travers le film de Werner Herzog, FITZCARRALDO (1982). Sur place, elle met en scène les habitants de la région, qu’elle a interviewés avec un anthropologue, en tant que public. La caméra les cadre fixement depuis la scène, alors qu’une composition minimaliste en décrescendo de Becky Allen est interprétée
hors champ par des choeurs… Enfin, NÔ est un portrait d’un couple de paysans japonais au travail. La tension porte cette fois entre la représentation statique d’une peinture de paysage et les mouvements d’une danse rituelle japonaise, que les gestes du couple ne manquent pas d’évoquer."
18:00
/ gratuit à la HEAD
Signaler une erreur Ajouté par Sév le 19 février 2008