La décadanse

ULTRA DIEEZ / CH / DIRTY ROCK

CHRONIQUE BY Pascal Schouwey. Il va vous falloir être extrêmementAttentifs pour emprunter l’Itinéraire bis proposé parMathieu Delieutraz pour son troisième album autoproduit sous le nom d’Ultra dieez. Il a en effet décidé de mettre son jeu de guitare et ses paroles entre les mains de Sknail (Glitch Jazz, Unit Records), de ne transmettre que l’essence de la composition pour que ce dé-constructeur de son puisse réunir deux univers et n’en faire qu’un. La glace est fine est un album d’exploration peut-être encore davantage que de déconstruction. Explorations sonores de toutes sortes dans des titres comme Les Automates ou God Bless You. Exploration textuelle qui fait prendre conscience que la texture sonore tient aussi parfois de la parole (El Bosque del Fades). Exploration vocale sur Tout va bien, parce que l’écriture, près de l’os, le permet. Exploration des sons du dérisoire dans des chansons rock qui parlent aussi de dérisoires godasses dans une exploration textuelle d’un rien parfois bien plein (une expérimentation qui laissera aussi Des Traces). Exploration de la voix, de la respiration (Millionaire) sur des titres ou la guitare Dobro prend toute son ampleur (Jour de Fête) et où les mots vont au bout d’eux-mêmes. La langue se risque à une exploration du slam sans s’y fondre, donne ainsi naissance à l’improbable et envoûtant Sexteenager. Magnésie jette son nuage sur l’ensemble en explorant les bruits qui sont aussi des sons et qui deviennent des songes, marquant le glas d’une expérience courageuse, aventureuse, dangereuse.Mathieu Delieutraz et Sknail n’ont pas calculé, en tout cas pas ce qui se calcule trop souvent: quel succès, quel public, quelles retombées? Ils rampent dans la fange et s’élèvent dans les nimbes, flirtent avec la mort et sourient à la vie. Cet album improbable, de haut exigence, en déconcertera plus d’un et en ravira quelques heureux autres.
18:30 – 19:45
PRIX LIBRE
Signaler une erreur Ajouté par Herr Liebe le 22 février 2016