Mise en scène: Hervé Loichemol.
Printemps 1913. Une classe de lycéennes en excursion sur les bords du Rhin. Quinze adolescentes à l’orée de leur vie.
«Quelques boutons d’or se mirent à briller dans la vapeur qui s’exhalait du sol à travers l’herbe haute.»
Sur une balançoire, Leni et Marianne, mais aussi Lore, Ida, Nora, Sophie... Trente ans après, depuis le Mexique où, fuyant le nazisme, elle s’est réfugiée, Anna Seghers se souvient. De cette journée, mais aussi de tout ce qui a suivi. Des promesses, des engagements, des reniements.
Les époques se superposent, entrent en collision: l’idylle adolescente est piétinée par la brutalité du présent.
Caroline Melzer, seule en scène, adopte le point de vue d’Anna Seghers, un point de vue bouleversant de justesse. Sans surplomb ni jugement, elle laisse parler les événements, comme si elle en était une spectatrice de hasard, ou encore comme si la mémoire seule effectuait un travail involontaire. Elle nous met face aux choix décisifs de chacune des jeunes filles dont elle convoque le souvenir: des choix parfois infimes, mais qui engagent la vie entière.