La décadanse

Opus incertum, empilement de listes

La Parfumerie

Conception et mise en scène Geneviève Guhl
Collaboration Claire Haenni
Avec Nathalie Boulin, Nathalie Cuenet et Ilil Land-Boss
Cie Ascenseur à poissons
Du 19 au 30 décembre, relâche les 24 et 25
Réservations au 022 421 21 21 ou par mail

Tout commence par un texte sur la matière théâtrale signé Michèle Pralong. D'Ilil Land-Boss, on ne voit que les jambes et un bout du visage qui dépasse de l'escalier où elle est perchée. Parfaitement immobile, elle donne les mots avec les silences justes pour qu'ils imprègnent le regard des spectateurs. Les sons, les images, les espaces vides, l'entre-deux choses prennent lentement leur pleine dimension. Et nous tournons les yeux là où, normalement, nous ne voyons rien. Pour découvrir l' « Opus Incertum » de Geneviève Guhl.
Les comédiennes prennent possession du plateau pour faire la liste des sons agréables. Puis la liste des sons désagréables. Puis la liste des choses que l'on aime toucher. Le temps est long, comme un ennui préparatoire nécessaire, et l'on se demande comment cela va bien pouvoir évoluer. Jusqu'à ce que l'on sente véritablement dans nos narines l'odeur du pain grillé, puis celle du lait chaud et celle des arbres. Dans l'imagination de chaque spectateur, les mots déploient leur plein pouvoir. Certains évoquent, d'autres se taisent au gré des expériences de chacun. Le spectacle ouvre ses ailes avec douceur, prend soin de prendre chacun avec lui et poursuit ses listes. Des sensations, on glisse vers les émotions. Et l'on est touché par nos propres souvenirs réveillés par des mots posés à la manière impressionniste. Les listes prennent une couleur ironique ou extrêmement intimiste. De la succession des mots, même sans phrase construite, émane un sens qui les dépasse.
Signaler une erreur Ajouté par ClaireFélix le 1er décembre 2011