La décadanse

Peter Sempel invité du cinéma Spoutnik

Spoutnik

'''DANDY (1998) & LEMMY (2002)'''

Rétrospective - jubilé 30 ans de films
Du 28 au 30 juin

La dernière visite de Peter Sempel au Spoutnik remonte à avril 2003. Il était temps de le faire revenir avec de nouveaux longs métrages dans sa besace, et de faire découvrir par le biais de quelques anciens films son travail à une nouvelle génération. Cinéaste né à Hambourg, Sempel se passionne tant pour la danse que pour la musique – ce sont d’ailleurs les concerts de Einstürzende Neubauten et de Nick Cave qui l’inspirent pour la réalisation de ses premières œuvres. DANDY fait apparaître Nick Cave, Blixa Bargeld, Kazuo Ohno… Au fil des ans, Peter Sempel met en scène sa petite famille d’artistes, qui inclut autant Allen Ginsberg et Nina Hagen que Jonas Mekas. Son deux derniers projets documentent le flamenco et… Lemmy de Motörhead !

Le cinéaste se déplace avec ses films sous le bras, il est donc rare de les voir en dehors de ses propres « tournées ». Spoutnik vous propose de (re)voir ses œuvres en sa présence !

18h (en présence du réalisateur)
'''DANDY''' de Peter Sempel
1988/ Allemagne/ 90 min/ 16mm
v.o. sous-titrée anglais !
av. Blixa Bargeld, Nick Cave, Nina Hagen, Dieter Meier, Kazuo, Ohno, Campino, Lene Lovich, Kaffeekanne ...

Le cavalier est élégant, l’œil flatteur, les mains bandées. C’est l’insert d’un film dont on se doit de tout ou rien éclaircir. A la fin, Blixa Bargeld, la tête d’Einstürzende Neubauten, chante dans le désert der Tod ist ein Dandy. Il chevauche un cheval. C’est l’explication. Le film s’appelle Dandy. A l’origine, il aurait du s’appeler «5 façons d’attendre la mort». Le film est une œuvre d’art comparable aux ready made de Marcel Duchamp. Il montre la décadence du monde et l’espace infini de cette décadence. Il est mélancolique comme le doucement cruel solo de clarinette de rhapsody in blue. Un film comme un cadavre exquis. Pas sur l’instabilité, mais sur le déclin. Il montre des images pour ceux qui savent tout mais aussi rien de ce qu’il y à faire là contre.
La punkfée berlinoise, Gudrun Gut, est interrogée: «que ferais-tu s’il te restait dix jours à vivre ?» Elle pose la contre question: «dois-je mourir seule, ou tous meurent avec moi?» Et à la question «que ferais-tu s’il te restait dix minutes à vivre?» elle répond qu’elle aimerait bien être stone. La caméra change de cap par dessus une dune sur laquelle un coyote solitaire se promène.
Pas de déroulement. Tout est incohérent. On a aussi peu de recul que dans sa propre vie. On ne reste pas extérieur, on est dans le film. On n’est pas voyeur mais pas non plus concerné. Le film - j’entends à l’instant les infos sur la marée noire en Alaska - il y en a un qui lance quatre ou cinq fois un poisson mort sous le nez, montre trois fois un merveilleux papillon qui est enfermé dans une coupe, et beaucoup de gens. Par exemple, celui qui nous vient d’Australie, le roi du blues de la scène underground qui vit à Berlin, Nick Cave, qui chante à la guitare acoustique you better run. Et Nina Hagen, qui fait des grimaces pendant des minutes. Le film montre comment l’incroyablement belle Imke Lagemann de 16 ans caresse le violoncelle, comment Ratten Jenny flirte avec son amoureux et des incroyables scènes de danse de Hellena Stemm, de la balinaise Tamsy, des danses de Sogo Ishii et de Yves Mussard. A 84 ans, Kazuo Ohno, qui danse aussi un très beau «pas de deux» avec son fils Yoshito, est le papillon humain agonisant derrière une barrière d’escaliers sur un merveilleux chant de Jessye Norman… Son film Dandy intitulé d’après la chanson de Einstürtzende Neubauten Der Tod ist ein Dandy, aurait aussi plus s’appeler Seele brennt. Manifestement tous ceux qui se sont investis dans le film l’ont fait l’âme ardente.

21h (en présence du réalisateur)
'''LEMMY''' de Peter Sempel
2002/ Allemagne/ 111 min/ DVD
v.o anglaise !

Portrait très personnel réalisé par le documentariste Peter Sempel, du chanteur et bassiste du groupe de rock légendaire Motörhead. Filmé sur 4 ans, le plus souvent à Los Angeles (au Rainbow, sur le sunset et chez lui, puis à Hambourg sur les docks, au studio d’enregistrement de Brackel), le film dépeint un Lemmy tel qu’il est souvent montré dans les médias: Performer de génie en compagnie de ses deux musiciens de talent; le guitariste Phil Campbell et le batteur Mikkey Dee, ou encore avec ses amis et son fils, son manager et avec ses fans énamourés, mais aussi un Lemmy plus privé, moins extraverti.

Le film établit clairement que les clichés véhiculés sur le Heavy Metal, à propos de sa soi-disant tendance d’extrême droite, est totalement éronnée lorsqu’il s’agit de Lemmy et de son groupe; au contraire, Lemmy nous fait part sans détours de ses opinions politiques à propos de la société, de l’hypocrisie, de la guerre et des politiciens. Le film est plein d’humour – un humour sec, violent et parfois provocateur, ce qui amuse la plupart des spectateurs! Dans les 25 dernières années, il y a peu de groupes qui peuvent se targuer d’être présents à chaque fois qu’il s’agit de combattre l’hypocrisie de la société: Motörhead est toujours sur le qui-vive! Une quinzaine de morceaux du groupe figurent sur la bande son, allant des classiques Overkill, Ace of Spades aux slows langoureux: 1916, Lost in the Ozone, ces extraits donnent une belle idée des capacités musicales de Phil et Mikkey, qui apparaissent lorsqu’ils jouent ou encore en interview.

"Pour moi, Lemmy et son groupe sont totalement exceptionnels dans le monde de leur musique; leur son n’est pas «heavy metal» c’est du Motörhead. Lemmy est aussi un grand chanteur de blues, un très bon écrivain de textes, et un poète; et comme le dit Ozzy: Je suis très heureux et honoré d’avoir fait ce film; LEMMY fut une grande aventure."
18:00 – 23:00
11 francs / 7 francs membres-AVS-AI-chôm
Signaler une erreur Ajouté par Cinéma Spoutnik le 27 juin 2011