La décadanse

La Mouette (Quatuor d’après Tchekhov)

L'Orangerie

de A. Tchekhov, adaptation Didier Nkebereza

Mise en scène : DIDIER NKEBEREZA
Scénographie : BENOIT DELAUNAY
Lumières : DANIELLE MILOVIC
Sons : ANDRES GARCIA
Jeu : JULIANA SAMARINE
FREDERIC LANDENBERG
CAMILLE GIACOBINO
DAVID MARCHETTO

Dramaturgie : STEPHANE MITCHELL

Administration : ROLAND GERBER

"Autant le dire tout de suite, dans cette Mouette, il n’y a pas de mouette. Pas non plus de samovar. Et la partition tchékhovienne à treize voix a été réduite à un quatuor.

Avec le Quatuor d’après Tchekhov que Didier Nkebereza met en scène à
l’Orangerie, oubliez la question de la fidélité à l’auteur. Par contre, laissez-vous séduire par un décor épuré, une distribution de qualité et une mise en scène qui met les comédiens au centre.

En 2004, Didier Nkebereza avait marqué la saison théâtrale genevoise en
dépoussiérant la Rodogune de Corneille. En 2006, il a adapté La confession du
pasteur Burg de Jacques Chessex. L’unique Goncourt romand avait alors admiré cette création audacieuse dont il avait affirmé qu’ « elle était peu fidèle à la lettre, mais tant à l’esprit ! ». Plus de deux ans après sa création genevoise, cette Confession du pasteur Burg à l’esthétique expressionniste exacerbée tourne toujours en Romandie.

En 2008, le metteur en scène genevois aborde Tchekhov. Le Théâtre de l’Orangerie serait le lieu rêvé pour monter le grand dramaturge russe « comme on s’y attend », dans un grand respect de la tradition naturaliste. Mais avec Nkebereza, forcément, c’est autrement : au plus loin des steppes slaves, au plus près du Léman.

La Mouette de l’Orangerie a pour cadre la Genève actuelle : d’ailleurs, elle en dresse un certain portrait. C’est pourquoi le texte et la psychologie des personnages tchekhoviens sont mis au goût du jour. Quant à l’esthétique naturaliste chère à Stanislavki, elle est remplacée par un expressionisme sans concession, inspiré de l’oeuvre du peintre autrichien Egon Schiele. La mise en scène ne reproduit pas la banalité du quotidien des personnages de Tchekhov mais s’attache à peindre les âmes, toutes éprises d’amour – pour ne pas dire d’absolu – d’êtres qui croient ardemment à la vie.

Seulement, au XXIème siècle, qui selon Malraux marque le retour du spirituel, peut-on encore croire en l’Humain ?
Le temps passant, le scepticisme de Nkebereza au sujet de cette question va croissant. C’est ainsi qu’avec sa version de La Mouette, il raconte la mort de Matthieu, un jeune artiste bouffé par sa mère, écrasé par la génération qui le précède, entièrement livré à ses passions destructrices et qui, pour ne rien arranger, dans sa descente aux enfers, a perdu la foi.
Grâce à cette lecture, Nkebereza transforme la comédie naturaliste de Tchekhov en une tragédie contemporaine, ancrée dans notre quotidien, tant au niveau du propos, que de l’esthétique."

L’équipe de l’Orangerie
20:30
10.- à 27.-
Signaler une erreur Ajouté par michel le 13 août 2008